Maurienne et Généalogie
Saint-André 20.08.2015
Sortie à Saint André

Belle journée qui s’annonçait. Certes une matinale un peu fraiche, vite réchauffée par la qualité de l’accueil, la compétence et le dévouement de nos hôtes.
Du café et des gâteaux garnissent une salle et permetent de tiédir les estomacs, mais ce sont surtout les yeux qui ne sortiront pas indemnes de ce lieu. Sur les tables s’étalent photos, images, recueils, tous témoins de l’immense travail accom- pli par l’association locale qui nous reçoit, « Moulins et Patrimoine de St André », dont les membres les plus éminents sont aussi sociétaires de Maurienne Généalogie, Suzelaine Bénard et Odile Romanaz pour ne pas les nommer, assistées de leurs époux respectifs. La première déroule devant nous une chronologie historique du village, ancien point d’étape très fréquenté et terre épiscopale comme en témoignent les nombreux vestiges religieux présents dans les différents hameaux. Il paraîtrait que Saint André fut ruiné par Napoléon 1er qui trouvant la route qui traversait le village trop pentue et accidentée en fit construire une autre au bord de l’Arc!
S’en suit une visite du chef-lieu, entre travaux d’adduction, vieux et nouveau monuments aux morts dont les aspects n’échappent pas à la polémique, constructions traditionnelles et reconstruction après le bombardement alliés de 1943 qui visait … la gare de Modane, pas très éloignée il est vrai.
Reprise des véhicules pour un arrêt à l’antique chapelle de St Etienne (Xème siècle), désormais déclassée, et dont les revenus étaient consacrés autrefois au fonctionnement du collège Lambert de St Jean de Maurienne. Cette chapelle offre une particularité : pendant l’épidémie de peste de 1630, on avait compris le danger de propagation de la maladie que constituait la promiscuité. Ne voulant pas priver les fidèles des pratiques de leur religion, on construisit à l’extérieur de la chapelle, un autel rudimentaire, en pierre quasi brute, avec une façade en pierre ornée de trois croix gravées. Le prêtre disait son office pour les fidèles qui tenaient prudemment à bonne distance, éparpillés sur l’amphithéâtre de prés et de champs faisant face à l’autel.
Mais il est temps de passer aux choses sérieuses, car au hameau de Pralognan, sur la pelouse et à l’ombre de grands arbres du chalet réhabilité (au départ, une ruine, faut avoir du courage et de la persévérance) par Dominique et Suzelaine Bénard, nous attend apéritif et repas concocté de mains de maitre par les époux Blazy, grands spécialistes en ce domaine.
La reprise de l’après-midi nous entraine dans la visite de l’église du Villard créée sous les auspices de Mgr Jourdain, évêque d’Aoste, natif de ce lieu et, dont les poches probablement bien garnies ont contribué à son érection. Aurait-il du laisser quelque menue mon- naie pour son entretien, car l’intérieur est passablement dégradé. Auparavant, grâce au meunier de service Dominique Bénard, le fonctionnement du moulin à grains et ses ustensiles n’eurent plus beaucoup de secrets pour nous. Et sans même devoir insister énormément, nous avons eu la joie (de vrais gamins) de le voir tourner. Là encore, les bénévoles de l’association ont fait un travail énorme.
Partis d’une ruine, ils ont reconstitué le moulin, avec son « bial », sa turbine, son mécanisme et ses meules à l’identique de ce qui était lors de sa mise en service en 1798. Saint André possédait en 1878 vingt moulins, deux forges, deux clouteries et deux scieries.
En face de ce moulin « opérationnel », (tout l’été, chaque semaine, un après-midi est consacré à moudre du grain) de l’autre côté de la route, un autre a été restauré mais seulement en ce qui concerne la bâtisse, l’intérieur étant transformé en musée de la meunerie.
Avant de prendre le chemin du Plan de l’Ours, une dernière halte près d’une pierre à cupules (âge du bronze) et de quelques cons- tructions particulièrement typiques du secteur, dont une maison forte, vestige d’un probable château médiéval. Nous achevons cette journée au poste télégraphique Chappe, un des rares rescapés de la ligne Lyon-Turin, ressuscité par la volonté tenace de quelques passionnés lesquels sont partis de la probabilité de l’existence de la ruine du « baracon », sans aucune autre indication, et qui l’ont re- trouvée à force d’opiniâtreté, témoin napoléonien de cette message- rie à signaux optiques, dont le maitre des lieux, François Charpin, nous décode la manœuvre. Là encore, on ne peut être qu’admiratifs devant la qualité du travail accompli et le résultat de celui-ci. Et ça marche! Si ce poste Chappe n’était pas à peu près le seul en état de l’antique ligne Lyon-Turin, nous pourrions passer par lui lorsque notre smartphone est en panne! Bon, ça n’irait peut être pas aussi vite, mais qu’importe?
Après un bref apéritif, fraicheur du soir oblige, le restaurant du Col nous gratifie d’un excellent gratin-diots judicieusement arrosé comme il se doit.
Nous nous quittons dans la soirée non sans avoir remercié les participants et surtout les organisateurs de tout poil dans ce qui restera, à coup sûr, une journée exceptionnelle dans la mémoire de Maurienne Généalogie et de ses membres.
Jean-Marc Dufreney