Maurienne et Généalogie
Le Thyl 22/06/2014
C’est l’été, depuis hier. En ce 22 juin, Maurienne Généalogie a décidé de se mettre au vert, et a choisi pour cela le site enchanteur du Thyl. 
A 10 heures, dix huit touristes se retrouvent sur le Champ de Foire de Saint Michel, point de ralliement où nous attend déjà Michel Gallioz, notre guide du jour. 
Les voitures complétées, nous voilà partis par une route quelque peu sinueuse (on est en montagne, pas ?) vers les hauteurs de l’adret de St Michel.  
Premier arrêt au Thyl Dessous, le plus gros village de la Commune, qui constitue déjà un balcon impressionnant sur la vallée. La visite porte surtout sur une très belle chapelle, dédiée à Saint Grégoire, restaurée et inaugurée en août 2006, restaurée essentiellement par les bénévoles de l’Association du Patrimoine du Thyl, association ô combien dynamique qui œuvre sans relâche pour mettre en valeur son village. Le nettoyage des tableaux, travail de spécialiste, a été confié à un jeune professionnel, mais les autres restaurations sont le fait de ces bénévoles. Le résultat est remarquable. Après un tour dans le village, où de nombreuses maisons sont restaurées par des particuliers, nous reprenons la route vers « le haut », le Chef Lieu. 
Tout d’abord, passage par le terrain de boules (grosse surprise, dans cet univers de la verticalité, où les cultures se font en terrasses, que ces quelques dizaines de mètres carrés rigoureusement plats !), au bas du village, où on jouit d’un point de vue panoramique sur l’ensemble des maisons, et où on peut distinguer les maisons anciennes et celles, relativement récentes, construites après la dernière guerre avec les indemnisations pour dommages de guerre. C’est ensuite l’apéritif offert par l’Association du Patrimoine et sa Présidente, Isabelle Gros, également Maire déléguée de la commune associée avec St Michel, dans la cour de l’école qui surplombe elle aussi la vallée. 
Chacun tire ensuite du sac victuailles et douceurs pour un pique-nique bienvenu à l’ombre d’un chapiteau mais aaussi d’un poirier séculaire.  
Le café bu (offert lui aussi par l’Association du Patrimoine, avec les bugnes, s’il vous plaît !), c’est le départ pour la visite du village. Tout d’abord, l’école, et la très belle reconstitution d’une salle de classe d’antan, où certains participants retrouvent avec émotion les encriers en porcelaine, les plumes Sergent Major, les pupitres gravés au couteau ou les vieux livres d’Ernest Lavisse. Nous sommes impressionnés par la somme de documents anciens réunis dans cet espace de mémoire. A l’évidence, c’est tout un village qui s’est mobilisé pour constituer un tel fonds.  
Viennent ensuite les expositions de la Fanfare des « Montagnards du Thyl » (avec ses drapeaux de conscrits, touchants témoins d’un patriotisme désuet mais sincère et parfois d’un humour dévastateur !) et des Sapeurs pompiers.  
Nous continuons par le vieux cimetière qui, comme souvent en Maurienne, entoure l’église. Le mur de soutènement est lui-même « soutenu » par deux énormes tilleuls plusieurs fois centenaires aux racines impressionnantes. 
Vient ensuite l’église. Reconstruite vers 1866 sur l’emplacement d’un ancien sanctuaire, en style néo-gothique, elle a été dernièrement sérieusement restaurée. Elle comporte encore des éléments disparates de l’ancienne église, notamment les retables des deux chapelles latérales. On peut aussi admirer des fonts baptismaux originaux enfermés dans un meuble richement orné. La barrière de l’autel, la chaire et les stalles ont été fabriqués par des artisans locaux.  
La partie « physique » de la visite va maintenant commencer. « Par un chemin montant, malaisé, » aurait dit La Fontaine, nous nous acheminons vers la curiosité –géologique ou néolithique,- du Thyl, le Dolmen. Enorme pierre plate de plusieurs centaines de tonnes (à vue d’œil, je ne l’ai pas soupesée !), elle peut avoir été posée là de main d’homme ou, plus probable, avoir glissé après une fracture de la roche qui la surplombe encore. A ses pieds, un curieux abri découvert récemment à la suite de l’éboulement d’un mur de soutènement. 
Mais la promenade ne s’arrête pas là et va commencer la séquence émotion. Nous partons vers le hameau du Bois Dessus, à quelques 30 minutes de marche de là. Il fait très chaud mais le chemin serpente sous bois et l’ombre est la bienvenue.  
Le Bois dessus est un hameau martyr, de même que son jumeau le Bois Dessous. Le 5 septembre 1944 des troupes allemandes en déroute, accrochées par des maquisards au hameau des Basilières brûleront les deux hameaux. Les combats feront quinze morts. 
Un monument érigé pour le soixantième anniversaire en septembre 2004 retrace les événements et rappelle la tragédie de ces journées mémorables. 
 
Les hameaux ne seront pas reconstruits et aujourd’hui encore les ruines accusent toujours la lâcheté barbare de ceux qui ont commis ce méfait. La nature reprend ses droits, la forêt, peu a peu, recouvre les vestiges, mais le souvenir reste.  
Et c’est le retour par le même chemin (montant, malaisé, voir plus haut !) vers le village où nous attend, à l’auberge « la Feuille du Thyl » un repas rustique mais combien apprécié. Des gourmands ont même demandé la recette du jarret de veau confit ! 
Et voilà le point d’orgue à une journée bien remplie où la convivialité et l’amitié ont trouvé toute leur expression. 
Merci à Michel, notre guide au vaste savoir, à Isabelle et à toute leur équipe. 
Pierre Blazy.